lundi 30 janvier 2017

Bon jan detay sou sa ki te rive tidam nan yo te vyole an. Explication de la victime

Bonjour. Je m’appelle… je ne vous dirai pas comment je m’appelle. Mon nom est tout ce que j’ai encore ; tout ce qu’ils n’ont pas su me prendre. Car, quand on y réfléchit bien, je n’ai plus rien. Tout ce que je vous demande c’est de lire jusqu’au bout ce message et après d‘effacer la vidéo.
Je suis une jeune fille, ou du moins je l’étais jusqu’à ce que cela n’arrive. J’avais mes espoirs, mes rêves et mes folies. J’avais ma curiosité comme toutes les femmes adultes l’ont eu à mon âge. Je n’écoutais pas toujours mes parents, mais qui les écoutes tout le temps ? Tout ça pour vous demander, s’il vous plaît, de ne pas me juger.
Nous commettons tous des erreurs, même si la mienne m’aura coûté mon âme. J’ai rencontré ce type sur le quartier alors que mes amies et moi nous nous rendions à un championnat d’été de football. Il n’était pas très futé, mais, il avait la classe. Lui et ses amis nous ont tenu compagnie sur le chemin et ils ont même fini par rester avec nous tout le long du match. Selon la logique « chacun à chacune » nous nous étions repartis en couple et lui s’était intéressé à moi. Il me disait des choses un peu drôle. Certaines, à la limite déplacées. Cela ne semblait pas correct, mais j’aimais ça qu’il s’intéresse à moi en tant que femme, alors je lui ai refilé mon numéro. Nous nous parlions souvent. Il n’arrêtait pas de me demander de coucher avec lui. Je l’envisageais bien sûr, mais je ne voulais pas passer pour une fille facile et puis cela me plaisait qu’il insiste autant. Je me sentais belle et désirable. Je me sentais une femme. Qui n’aimerait pas se sentir attirant et désiré ? Ce n’est que maintenant que je peux voir mon erreur. Pour en revenir à mon histoire, un jour, j’ai décidé de lui accorder ce qu’il voulait. J’en avais envie moi aussi

J’ai donc menti à mes parents sur l’endroit où je me rendais et je suis partie le trouver. Il habitait dans une chambre sans un vrai mobilier. Il étendait du linge et des draps par terre en guise de lit mais je m’en foutais. Je ne pouvais pas lui en vouloir de ne rien avoir dans un pays où même ceux qui ont tout ce qu’il faut comme compétences dorment dans les mêmes conditions. Je l’ai donc rejoint sur son lit et nous avons fait l’amour. En tout cas c’est ce que je pensais que nous faisions. Il était un peu rude, mais vu que je l’avais fait poireauter pendant longtemps, je me disais que c’était sa façon à lui de combler le vide causé par la longue attente.
Seulement, quand nous eûmes fini, un ami à lui pénétra dans la chambre sans aucune gêne et me regardais avec un sourire carnassier. Je lui ai dit de chasser son ami ; qu’il me mettait mal à l’aise. Mais, quand il se leva et se retourna vers moi, mon cœur s’arrêta de battre dans ma poitrine. Si son ami me regardait comme un vautour, lui me regardais comme le diable qui recevait une âme en enfer. Il prit son téléphone pour filmer tandis que son ami se déshabillait. Je tremblais tellement que j’avais du mal à me lever, mais je le fis malgré le nœud dans mon estomac. Je lui criais qu’il était devenu fou, qu’il pouvait oublier jusqu’à mon existence pour avoir, ne serait-ce qu’imaginé que je m’abaisserais à une chose pareille. Mais, alors que je récupérais mes vêtements, son ami me retint par les bras et, lui me frappa d’un coup de poing impitoyable au bas du ventre. Pendant un moment je n’ai pas pu respirer tellement la douleur était insoutenable. Il me prit par le menton tandis que j’agonisais et plongea son regard froid et menaçant de le mien : « si tu fais un seul bruit ; si tu hurles ; si tu résistes même, me lança-t-il, je m’arrangerai pour que tu sortes d’ici en cadavre après ». J’avais peur… tellement peur… je me laissai faire et son ami me viola. Mais, aussi horrible que cela puisse vous paraître, je n’en étais pas au bout de mes peines. Alors que son ami me labourait comme une mauvaise terre qu’il fallait retourner dans tous les sens et que, lui filmait avec une joie sadique, un autre entra dans la pièce… puis un autre… puis un autre et après un moment, la salle devint obscure, toute lumière cachée par l’avenir qui se défilait sous le poids de l’humiliation ainsi que par toutes ces présences malsaines. Quand j’y repense, c’était bien l’enfer et le diable filmait à cœur joie. « Poukisa ? » lui criais-je en pleurant chaque fois qu’il fallait que je me laisse pénétrer par l’un de ces animaux abjects. Lui se contentait de répondre « paske w pa respekte m. Depi dat map mande w pou w vini pou m… » toujours en filmant la scène.
Il ne s’arrêtait pas de filmer même quand je lui ai crié que je le respectais. Quand tous ceux dans la salle eurent fini de me cracher dessus, de me frapper, de me retourner dans tous les sens comme le vulgaire objet qu’ils avaient fait de moi, honteuse, je récupérai mes affaires pour rentrer et m’ôter la vie. Mais alors que je m’apprêtais à sortir un autre (sans doute un retardataire) entra brusquement j’éclatai en sanglot, lui demandant de faire preuve de miséricorde ; lui expliquant en pleurant que je n’en pouvais plus, mais ce n’étais pas des hommes. Les mots, les larmes, un cœur qui se brise, un corps qui se déchire, rien de tout ça n’avait de sens pour eux. Alors, lui aussi, m’enleva cette dernière couche d’humanité et, avec elle, le goût de la mort qui m’aurait soulagée. Après, ils sont sortis… tous. Je suis restée là, dans la chambre où mon âme s’est perdue, toujours obscure malgré la lumière du soleil et l’absence du diable.
Tout mon entourage finit par l’apprendre. Pourtant, je n’avais pas osé le raconter, mais le diable a envoyé une vidéo aux amis qui avaient manqué la fête et eux l’ont envoyée aux leurs et ainsi de suite jusqu’à ce que ce que ce soit mes amis et ma famille qui la reçoivent. Jusqu’à ce que vous aussi, vous la receviez. C’est pourquoi je vous envoie ce message. Effacez-la s’il vous plaît ! Pitié ! Mon père ne m’a pas rejetée ni ma mère ni mes amis. Ils ont pleuré avec moi, ils m’ont serrée dans leurs bras aimants. Ils ont éclairé la chambre mieux que ne l’aurait fait le soleil et m’ont rendu un peu de ce que j’ai perdu, le goût de continuer à vivre, de continuer à rêver d’un homme qui pourra me faire oublier ceux-là et même celui d’avoir des enfants, une fille à qui je pourrai éviter ça. Et même si je n’y arrive pas, le goût de vivre c’est déjà beaucoup. Alors, je vous le demande encore une fois pour mon « peut-être futur mari », pour mes « peut-être futurs enfants », je vous en supplie Effacez-la ! Effacez cette satanée vidéo car c’est bien le dernier obstacle à la lumière du soleil dans cette chambre qui s’éclaircit petit à petit.
Ne participons pas à cette campagne de déshumanisation Effaçons-la.
Samuel TAILLEFER Travailleur social / écrivain Le 25 janvier 2017

Aucun commentaire:

Publier un commentaire